Photo: Speller Metcalfe
Les architectes modernes et les directeurs d’écoles optent de plus en plus pour le bois, et ce, pour une multitude d’avantages qui s’ajoutent à son incroyable durabilité et à son temps de construction très court, qui permet d’effectuer les travaux sur la période des vacances.
Afin d’en savoir plus sur les possibilités actuelles de construction en bois massif pour les écoles, nous avons rencontré des membres de l’équipe de planification du New Model Institute for Technology and Engineering (NMITE), une école d’ingénieur située à Hereford, au Royaume-Uni.
L’établissement dispose d’un nouveau centre de pointe consacré à l’étude des technologies bois avancées, le CATT (Centre for Advanced Timber Technology). Naturellement, le bâtiment lui-même représente tout le potentiel offert par le bois massif, ce qui permet de présenter le programme du centre et d’inspirer les générations futures. Comme beaucoup d’autres écoles, le NMITE est pourtant une organisation à but non lucratif dont le budget peine parfois à suivre les ambitieux projets de durabilité. Tout le monde peut donc facilement s’identifier aux défis liés à la construction d’un établissement tel que celui-ci, que l’on soit directeur d’école ou urbaniste.
Le NMITE a créé un environnement d’apprentissage idéal qui ressemble à s’y méprendre à un centre de bien-être. Le bâtiment du CATT est un lieu très apprécié qui stimule les interactions, le développement et la collaboration des étudiants par le simple usage du bois.
Pourquoi avoir construit votre école en bois ?
Gabriele Tamagnone, chercheur au CATT : Nous avons choisi le bois pour démontrer les possibilités de conception de ce matériau et pour créer un exemple emblématique de durabilité dans la région. Il s’agit par ailleurs d’un outil d’apprentissage qui aide à comprendre la construction d’un environnement durable. Nous devions donc nous servir des technologies qui y seraient enseignées, tout en laissant un maximum de bois apparent.
Le cabinet d’architectes Bond Bryan a également veillé à la prédominance du bois dans les matériaux.
Le bâtiment est composé de 151 éléments préfabriqués (murs, planchers et toitures Sylva™ CLT by Stora Enso). En quoi consiste la construction avec de tels composants ?
Gabriele Tamagnone : Le processus de construction avec des produits bois commence généralement par un concept de batiment qui établit la taille et les caractéristiques géométriques des espaces. Cela permet de déterminer quel système fonctionnera le mieux pour obtenir le résultat souhaité.
En matière d’efficacité de montage, les éléments ont été préfabriqués hors du site, et sont arrivés « juste à temps » (méthode JIT) sur le chantier ; et nous avons pu placer ces composants directement , le tout grâce à la méthode DfMA (Design for Manufacturing and Assembly).
Au cours du projet, nous avons eu recours à la bibliothèque BIM, la boîte à outils numérique gratuite de Stora Enso, qui nous a aidés à planifier toutes les opérations, même celles liées aux composants préfabriqués.
À l’avenir, ce modèle nous aidera également à structurer notre stratégie de Living Lab (« laboratoire vivant ») et à effectuer des simulations à des fins de recherche et d’apprentissage.
La mode de la construction en bois s’inscrit-elle dans le long terme ?
Gabriele Tamagnone : Si nous voulons avoir une chance de mettre fin au réchauffement climatique, j’espère que la construction en bois est une tendance durable qui va continuer d’exister en architecture. Le projet du NMITE montre bien la disposition des bâtiments et l’utilisation de l’espace qui fonctionnent le mieux avec les composants en bois massif stockant le carbone.
Que pensent les étudiants et les enseignants de ce nouveau bâtiment ?
Gabriele Tamagnone : Ils l’adorent. C’est une chance incroyable d’avoir un bâtiment qui fait la démonstration des sujets abordés en cours. Grâce à un espace qui permet une étroite collaboration avec les partenaires principaux du projet, nous pourrons nous assurer d’intégrer cette expérience dans le programme d’éducation. Nous pouvons tirer des leçons de la construction de ce bâtiment et les prendre en compte lors de futurs projets, pour en assurer la durabilité. Le bois pourra ainsi être considéré comme le matériau de construction principal, et non comme l’un des matériaux utilisés dans un projet qui ne s’appuie pas sur des principes de développement durable.
La docteure Mila Duncheva, responsable du développement des activités chez Stora Enso au Royaume-Uni et en Irlande, faisait partie de l’équipe qui a travaillé sur le dossier NMITE. Elle a également apporté son aide aux étudiants du NMITE. Voici ce que lui inspire ce nouveau bâtiment : “J’avais déjà travaillé sur le cadre de compétences éducatif du programme Timber Technology Engineering and Design (Ingénierie et design des technologies bois). C’est donc avec grand plaisir que j’ai donné cours au NMITE à l’inauguration du programme, dans un environnement d’apprentissage inspirant qui laissait apparaître des murs et des planchers Sylva CLT. Les étudiants de l’école et du secteur peuvent profiter de ce Living Lab pour comprendre la physique du bâtiment dans le cas de structures en bois massif, notamment grâce aux capteurs d’humidité brevetés, encore à l’essai, que nous avons fournis.
En quoi consiste l’assurance des bâtiments en bois ?
Mila Duncheva : Au Royaume-Uni, il existe des mesures strictes sur la sécurité des bâtiments et l’assurance des biens pour les structures en bois massif apparent. Et c’est à juste titre, car la sécurité des personnes et des bâtiments dépend des compétences professionnelles et des technologies de construction. Le bâtiment du NMITE dépasse largement ces exigences grâce à l’expertise de l’équipe, au design et à des détails tels que l’intégration de capteurs intelligents au cœur de la structure. Les données de ces capteurs alertent immédiatement les responsables du bâtiment en cas d’irrégularités qui provoquent une augmentation des chiffres au-delà d’un certain seuil. Ainsi, les assureurs sont plus tranquilles et ont accès à des données tangibles.